Jusqu’ici, les prothèses cheville-pied étaient inconfortables et causaient différents maux à leurs utilisateur.ices. Mais Axiles Bionics, dynamique start-up du cluster lifetech au sein de hub.brussels, est en train de révolutionner le secteur. Sa prothèse de nouvelle génération imite les fonctions musculo-squelettiques de la cheville et est dotée d’un contrôle en IA pour anticiper les mouvements futurs et améliorer ainsi le confort et la fonctionnalité.
L’histoire d’Axiles Bionics commence à Bruxelles au milieu des années 2000, lorsque Pierre Cherelle, physicien de formation, boucle un doctorat en robotique dans un centre de recherche de la VUB. « Le désintérêt pour les robots humanoïdes au milieu des années 2000 avait poussé notre groupe de recherche à se réaxer vers le médical, se souvient-il. J’ai beaucoup travaillé sur des exosquelettes, des prothèses, tout ce qui touche aux membres inférieurs, pour améliorer le quotidien des utilisateurs. »
La robotique et l’IA au service de la prothèse cheville-pied
Une constatation interpelle le chercheur : les prothèses cheville-pied n’ont guère évolué en cinquante ans. Elles restent inconfortables et occasionnent de nombreux désagréments aux personnes qui les utilisent « comme si on les obligeait à marcher avec une vieille chaussure de ski rigide », précise-t-il.
Il en est certain, il y a moyen de faire mieux. Beaucoup mieux. De révolutionner le secteur tout en améliorant notablement la vie des patients. En créant une prothèse bionique dont l’articulation de cheville bénéficie d’une motorisation et en la dotant d’un atout supplémentaire qui en fait un véritable robot miniature : un contrôle en intelligence artificielle capable d’anticiper les mouvements futurs, comblant ainsi le fossé entre la prothèse et la connectivité naturelle avec le cerveau. Les recherches dans ce domaine continuent et les prochaines générations de prothèses devraient être de plus en plus performantes.
Le choix entrepreneurial
En septembre 2019, Axiles Bionics a vu le jour grâce à sa première levée de fonds, marquant ainsi le début de son parcours entrepreneurial. Pierre Cherelle souligne : « Les recherches initiées au sein des groupes de recherche universitaires ne visaient pas initialement la création d’une entreprise. Mon travail a suscité l’intérêt de professeurs américains et chinois siégeant dans mon jury de doctorat. Si, après cela, j’avais postulé dans une grande entreprise, Axiles Bionics n’aurait sans doute jamais vu le jour ! En effet, pour créer une startup dans le secteur de la santé, il faut non seulement une technologie intéressante avec du potentiel, mais aussi un entrepreneur capable de continuer à développer cette technologie tout en portant le projet. »
Depuis lors, cette jeune entreprise a connu une expansion significative. Le staff initial constitué des quatre fondateurs compte aujourd’hui 17 collaborateur.rices. Une équipe d’ingénieur.es a en effet été constituée pour assurer le travail de R&D nécessaire à la mise au point des différentes générations de prothèses tandis que les équipes de vente et de marketing se renforcent également. Déjà solidement implantée en Belgique, au Luxembourg, en Espagne et en Allemagne grâce à son premier produit commercialisé, la prothèse Lunaris, une version passive du pied bionique, Axiles Bionics vise désormais à étendre sa présence à toute l’Europe, aux États-Unis et à l’échelle mondiale.
La Formule 1 de la prothèse
Dans le domaine du développement des prothèses bioniques, une avancée significative a été intégrée : le principe de fonctionnement similaire à celui d’un vélo électrique, permettant à la prothèse de rester opérationnelle même en cas de batterie déchargée, évitant ainsi d’avoir un poids mort lorsque la batterie est à plat.
Cette avancée a été validée à travers des tests effectués avec près de 300 patients, révélant par la même occasion le potentiel d’un nouveau produit dérivé du pied bionique. Ainsi, à la fin de l’année 2022, Axiles Bionics a lancé le Lunaris, une version passive et simplifiée de sa prothèse bionique.
Une autre prothèse, inspirée du Lunaris, est en préparation pour une commercialisation imminente avec le soutien des remboursements de la sécurité sociale. En parallèle, d’autres innovations sont actuellement en développement et devraient être introduites dans un proche avenir.
Ces avancées dans les versions passives n’altèrent en rien le développement continu du pied bionique original. Pierre Cherelle, fondateur de l’entreprise basée à Bruxelles, souligne : « Notre expertise se concentre sur la robotique, l’intelligence artificielle et la biomécanique humaine. Ce qui avait commencé comme la conception d’un simple pied bionique a évolué vers ce que nous appelons désormais la Formule 1 de la prothèse. » Ainsi, des équipes spécialisées travaillent en continu sur cette technologie bionique tandis qu’une autre partie de l’équipe continue le développement d’autres produits.
Réalisme
Le fondateur et CEO d’Axiles Bionics reste lucide : l’accès à de la technologie de pointe peut rapidement s’avérer coûteux et destiné à une niche très étroite. Mais il est aussi optimiste : 85% des personnes ayant testé la prothèse jusqu’ici ont eu le sentiment de retrouver une cheville fonctionnelle. Pierre Cherelle ajoute: « Chaque démarche est unique, comme les empreintes digitales, et évolue avec le temps et l’usage. Nous travaillons sans relâche en collaboration étroite avec les utilisateurs de prothèses, dans le but ultime de rendre les pieds bioniques accessibles au plus grand nombre, comme prévu initialement au lancement d’Axiles Bionics ».
Lifetech.brussels, un précieux allié
Au cours de sa trajectoire au sein de l’écosystème MedTech bien établi à Bruxelles, Pierre Cherelle a trouvé un soutien efficace auprès de lifetech.brussels. « J’ai participé à la deuxième édition du MedTech Accelerator en 2017, détaille-t-il. J’en retiens surtout l’opportunité de s’y créer un réseau. Le réseautage est long à mettre en place mais constitue la meilleure manière de faire. Les principales universités américaines telles que le MIT l’ont très bien compris avec leurs réseaux Alumni. Les universités belges sont hélas à la traîne et lifetech.brussels comble cette lacune. » Il pointe aussi l’aide reçue dans certains dossiers et signale qu’il continue à être actif dans la communauté en étant notamment membre du board de lifetech.brussels.
Perspectives d’avenir
Le CEO d’Axiles Bionics projette de continuer à développer de nouvelles technologies et à étendre les opérations de l’entreprise à l’échelle internationale. Mais surtout, Pierre Cherelle n’oublie pas ses premières amours : les exosquelettes de rééducation et industriels, qui pourraient bénéficier des avancées technologiques développées par Axiles Bionics. Il est convaincu du potentiel considérable des futurs développements : « Il y a un potentiel énorme pour créer des exosquelettes qui interagissent harmonieusement avec l’humain, en s’intégrant parfaitement dans ses mouvements naturels et en améliorant sa qualité de vie », assure-t-il. “Des développements passionnants nous attendent et notre équipe est impatiente de relever ces défis”.
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