La startup bruxelloise créée au lendemain de la crise du covid a développé un outil performant de mise en contact entre les patient.es prêts à participer à un essai cliniques et les équipes de recherche en quête de volontaires. Déjà active dans plusieurs pays européens, elle affirme ses ambitions internationales.
Quel peut bien être le point commun entre Suseia et Seaters, deux sociétés spécialisées dans l’événementiel, Qvax, la plate-forme tellement efficace pendant l’épidémie de covid, et CUREWIKI ? Jean-Sébastien Gosuin ! Le fondateur de toutes ces entreprises, qui se définit lui-même comme un serial entrepreneur, est passé maître dans l’art de fluidifier les flux. De supporters, de bénéficiaires des billetterie, de candidat.es à la vaccination. Et, plus récemment, de volontaires dans le secteur de la recherche médicale. Il insiste : « Toujours en mettant l’individu au centre de la démarche ».
L’art de se réinventer
C’est la crise du covid qui a fait basculer le chef d’entreprise de l’événementiel vers le médical. « La pandémie a tout paralysé », se remémore-t-il. « En tant qu’entrepreneur, il faut savoir se réinventer. Il s’avère que nous disposions d’une technologie développée dans l’événementiel, un outil parfait pour pallier les problèmes de mise en œuvre de la campagne de vaccination. Deux millions de Belges ont pu s’enregistrer sur Qvax, et 650.000 se faire vacciner officiellement. »
Des difficultés d’inscription des citoyen.nes à la vaccination aux problèmes d’accessibilité des patient.es aux essais cliniques, il n’y a qu’un pas vite franchi par Jean-Sébastien Gosuin à l’issue de l’épidémie. L’entrepreneur, qui a lui-même surmonté un cancer dans sa jeunesse, entend aider les patient.es à rechercher les essais cliniques susceptibles de les aider en fonction de leur pathologie.
Compilation et analyse à la Une
CUREWIKI met à la disposition du public une base de données d’un peu plus de 14.000 études menées sur environ 170.000 sites et équipes de différentes spécialités, soit 60% des études en cours de recrutement en Europe. Grâce à l’IA, la startup recoupe et dédoublonne chacun de ces essais, lisse les critères d’inclusion et d’exclusion, et génère des questionnaires simplifiés accessibles aux personnes intéressées. Le but est d’arriver à une short list de deux ou trois études auxquelles les patient.es concernés peuvent librement postuler.
Tout pour l’inclusivité
« Le but n’est certainement pas de court-circuiter le corps médical », insiste Jean-Sébastien Gosuin. « Nous encourageons d’ailleurs ceux et celles qui recourent aux services de CUREWIKI à en parler avec leur médecin. En première ligne en effet, le temps manque pour prendre connaissance de toutes les études pouvant concerner l’un.e ou l’autre patient.e. Nous évitons ainsi à certain.es de passer entre les mailles du filet. Nous permettons aussi à tout le monde, sans distinction d’âge, de genre, de catégorie sociale ou de lieu de résidence, de prendre part à une étude. Car il a été démontré que 60% des Belges, et donc des patient.es, expriment leur volonté de contribuer à une meilleure médecine, que ce soit via des questionnaires ou un essai clinique. » En Europe, 32.000 patient.es, dont 15.000 Belges, se sont d’ailleurs déjà enregistré.es sur la plate-forme.
Objectif efficacité
Quant aux équipes de recherche, elles y trouvent aussi leur compte. « Notre mission n’est pas de de multiplier les qualifications potentielles pour les essais répertoriés. Au contraire, nous procédons à des présélections précoces permettant d’éviter les faux espoirs et les pertes de temps tant à titre personnel que pour le monde de la recherche. Ainsi, nous contribuons à faire gagner du temps et donc de l’argent au système hospitalier déjà submergé. »
Et le chef d’entreprise de préciser que sans l’aide d’un outil tel que CUREWIKI, une équipe de recherche doit ‘screener’ cinq aspirant.es pour valider une seule candidature. Chacun de ces screenings coûte environ 300€ et beaucoup d’énergie. Avec la conséquence qu’« en Europe, 80% des études commencent avec retard ou jamais, faute de participant.es » déplore-t-il. Avant de rassurer : « Nous sommes neutres et agnostiques. Nous ne constituons qu’un accélérateur, un outil générateur d’une plus grande efficacité en matière de recrutement tant pour la patientèle que pour les équipes de recherche. Notre technologie peut capturer une véritable ‘volonté de participer’. L’hôpital garde la maîtrise totale de la décision finale de faire entrer ou non quelqu’un dans un protocole de recherche. »
Des ambitions paneuropéennes
La mise au point d’un tel outil est un travail d’envergure dont le coût incombe au secteur de la recherche sous forme de licences, la plupart du temps prises en charge par les entreprises pharmaceutiques qui sponsorisent les études. Jean-Sébastien Gosuin est bien décidé à se concentrer sur la croissance de CUREWIKI avec une « ambition clairement paneuropéenne. Nous comptons répertorier toutes les études européennes d’ici 2025 et nous visons la rentabilité en 2026 », détaille-t-il.
Des contrats ont été signés avec deux opérateurs majeurs du secteur, l’un américain et l’autre allemand, une campagne de communication a été lancée, et l’équipe forte actuellement d’une quinzaine de spécialistes de la Tech s’ouvre à d’autre spécialités.
Un ancrage solidement bruxellois
La collaboration avec les instances bruxelloises se poursuit harmonieusement depuis la rencontre en 2022 avec le cluster lifetech.brussels « dont nous sommes membre actif » précise-t-il. « Grâce à lui, nous avons pu présenter CUREWIKI lors de l’événement annuel et participer à un salon à Berlin. »
De même, l’implication de finance&invest.brussels au sein de CUREWIKI a renforcé l’ancrage bruxellois de l’entreprise. Autant d’interactions qui ne peuvent que ravir Jean-Sébastien Gosuin fervent adepte des synergies et collaborations pour son entreprise et bien sûr pour le développement de l’écosystème Medtech bruxellois.
