Créer une spin-off à partir d’une recherche académique, c’était le sujet de la table ronde organisée par l’ULB le 24 septembre dernier et à laquelle lifetech.brussels était invitée. Compte rendu de notre intervention.
La HealthTech évolue vite et les prochaines années seront marquées par une pression financière accrue. Les investisseurs privés sont très sélectifs et attendent des preuves de traction solides, et ce dès le pré-seed. Cela signifie que les spin-offs doivent être crédibles très rapidement et se positionner dans des secteurs porteurs comme l’IA, la robotique ou les dispositifs connectés par exemple. Mais surtout, le temps d’accès au marché, la qualité du business model et la capacité à convaincre des clients seront déterminants pour se démarquer sur un marché mondial. Enfin, le remboursement des dispositifs reste un graal, difficilement atteignable, surtout dans un contexte budgétaire contraint. Les spin-offs doivent donc anticiper d’autres trajectoires, comme par exemple un exit bien préparé.
Dans ce contexte, la collaboration avec les hôpitaux, en particulier universitaires, apparaît comme une opportunité stratégique qui renforce l’adéquation et l’adoption future de la solution. Poussés eux-mêmes à innover pour améliorer à la fois la performance clinique et l’efficacité économique, ils deviennent des partenaires naturels pour tester et valider des solutions. Un autre enjeu incontournable est la réglementation des dispositifs médicaux, combinée aux exigences de cybersécurité et de protection des données, qui augmente la complexité et l’incertitude. Beaucoup perçoivent la réglementation comme un frein, mais elle est avant tout un gage de crédibilité et une condition d’accès au marché. Sans stratégie claire en la matière, un projet devient tout simplement non investissable.
La principale difficulté rencontrée par les spin-offs reste le changement de posture : passer d’un projet scientifique prometteur à un projet d’entreprise viable. Ce basculement implique de constituer une équipe solide, d’affronter l’écart de temporalité entre recherche académique et attentes des investisseurs, de convaincre les premiers hôpitaux pilotes de s’engager dans une preuve de concept et, enfin, de recruter des profils business adaptés. S’ajoute à cela une difficulté humaine : le risque d’épuisement pour des fondateurs qui jonglent entre recherche, entrepreneuriat et gestion administrative.
Le conseil clé donné aux futurs entrepreneurs est donc clair : ne pas attendre d’avoir « tout fini scientifiquement » avant de penser au marché. Structurer tôt une vision de marché et s’entourer d’un réseau de cofondateurs, de cliniciens et de partenaires financiers est crucial pour franchir les premières étapes avec succès. C’est pourquoi, dans le MedTech Accelerator, nous travaillons avec les porteurs de projet sur une roadmap business et technique, en les mettant en relation avec des experts et partenaires spécialisés.
Notre programme organise des ateliers de derisking business dès les stades précoces, un mentorat assuré par des entrepreneurs expérimentés et un accès facilité aux investisseurs afin de confronter rapidement les projets à la réalité du marché. Tout en travaillant étroitement avec les universités et les TTO afin de combiner rigueur scientifique et rapidité de mise sur le marché. Car réussir dans la HealthTech ce n’est pas seulement innover, c’est aussi être capable d’amener ces innovations jusqu’aux patients et aux soignants.