Elle est audioprothésiste. Il est ingénieur civil. Ensemble, ils ont créé DECILO pour répondre à une demande bien concrète mais jusque-là largement insatisfaite sur le marché belge. Ils proposent des protections auditives personnalisées à la fois efficaces, confortables et, selon le goût et les circonstances, discrètes ou fun et colorées.
« Le cœur de métier des audioprothésistes reste la prothèse auditive destinée à améliorer l’audition, même si la protection fait également partie de leur domaine de compétence », regrette Isabelle Koljaj, cofondatrice avec Quentin Jonckheere de DECILO, une entreprise bruxelloise qui protège vos oreilles avec style depuis 2019.
Combler une lacune
Le duo a pu constater qu’en matière de prévention du bruit, la protection auditive reste secondaire aux yeux des spécialistes, que les rares propositions sur le marché ne sont guère mises en valeur, contraignant le grand public à se rabattre sur les bouchons d’oreille vendus en pharmacie ou même en grande distribution. Quant aux entreprises actives dans des secteurs bruyants, elles optaient généralement pour des casques pas toujours compatibles avec d’autres équipements de sécurité. Les deux associés ont décelé un créneau prometteur. « Nous spécialiser uniquement dans la protection auditive nous permettait d’apporter à notre produit une réelle valeur ajoutée en matière de forme, de niveau de protection, d’éventail de modèles proposés », détaille Isabelle Koljaj. C’était en 2019 et DECILO venait de voir le jour, avec à sa tête un tandem aux compétences parfaitement complémentaires : l’audiologie et les soins de santé pour Isabelle Koljaj, l’ingénierie, la R&D et la rigueur organisationnelle pour Quentin Jonckheere.
Home made
D’emblée, les deux jeunes entrepreneurs bruxellois reçoivent la clientèle dans leur boutique-atelier, prennent les empreintes nécessaires et fabriquent en interne les protections en silicone biomédical pour lesquelles ils ont obtenu la certification CE équipement de protection individuelle. « Tout faire entièrement nous-mêmes nous a permis de proposer un produit pensé de A à Z pour chaque personne, y compris en matière de look », insiste Isabelle Koljaj. « Ainsi, chacun.e peut vraiment se l’approprier, le personnaliser et l’utiliser longtemps, jusqu’à 5 ans pour les modèles destinés à protéger des bruits industriels et des sonos trop bruyantes, un peu moins pour les protections utilisées pour préserver le sommeil.»
Le succès a rapidement été au rendez-vous tant du côté de l’industrie que des particuliers. « L’évolution de la loi classant les risques professionnels liés au bruit dans la même catégorie très élevée que les risques liés aux chutes sur la tête a incité les entreprises à s’intéresser de plus près à la protection sur mesure et donc à nos produits qui allient discrétion, confort et hautes performances », se félicite Isabelle Koljaj. Elle ajoute que les particuliers peuvent désormais s’adresser à la centaine de centres auditifs partenaire de DECILO répartis dans le Bénélux pour les prises d’empreinte et le suivi de ces protections, toujours réalisées à Bruxelles. L’entrepreneuse estime que depuis sa création, DECILO atteindra bientôt 15.000 paires fabriquées et l’équipe actuellement forte de quatre membres est à la recherche de deux personnes supplémentaires pour compléter son cadre.
Une aide précoce
Une telle success story n’est évidemment pas le fruit du hasard mais de la conjonction d’une bonne idée, d’un travail acharné et d’un contexte favorable. A Bruxelles, les projets innovants peuvent ainsi compter sur l’aide efficace de hub.brussels et du cluster lifetech. « hub.brussels nous a beaucoup aidés dès la création de DECILO », détaille Isabelle Koljaj. « Très vite, nous avons pu bénéficier d’une aide de la Ville de Bruxelles pour le paiement des loyers, et de subsides à l’investissement pour financer notre matériel qui est très coûteux. Nous profitons en outre d’aides à la consultance. Tous ces soutiens sont capitaux. » Et elle insiste : « Il est très important que Bruxelles investisse de son temps dans des structures comme hub.brussels et consente des moyens financiers pour aider les jeunes entreprises. Pour nous, cela a été un tremplin, une aide cruciale pour le développement présent et futur de DECILO. »
Dans ce dispositif, le cluster lifetech joue un rôle central : « Il nous accompagne depuis le départ », précise QuentinJonckheere. « Tout au début, nous avons reçu de précieux conseils sur l’univers paramédical et médical à Bruxelles que nous connaissions mal puis nous avons été utilement aiguillés pour la certification de nos produits. Grâce au réseau du cluster, à ses réunions et événements de networking, nous avons aussi pu rencontrer d’autres entreprises du secteur. Et nous avons pu bénéficier d’un coaching RH. »
De Bruxelles à l’international
Et le moins qu’on puisse dire est que l’énergie et l’argent investis par les organismes bruxellois l’ont été à bon escient ! En plus de la gamme de protections auditives personnalisées, les fondateurs de DECILO innovent avec un équipement très prisé des musiciens professionnels : les in-Ear Monitors, ces petites oreillettes permettant d’avoir un retour son directement dans les oreilles. « Nous sommes le deuxième fournisseur dans le monde à les proposer en silicone, une solution alternative qui répond à un besoin du consommateur », indique fièrement Isabelle Koljaj. « Cela nous a demandé trois ans de R&D et les musiciens qui les ont testés sont bluffés par leur confort. Les demandes et les propositions sont déjà nombreuses. ». De quoi envisager sereinement un élargissement du réseau et la présence de DECILO dans l’Europe entière. Toujours depuis Bruxelles car, Isabelle Koljaj l’assure : « Nous sommes tous les deux Bruxellois, nous avons créé DECILO à Bruxelles et nous y avons nos bureaux. Il est très important pour nous de garder cette identité parce que Bruxelles occupe une position centrale par rapport aux autres régions. Nous tenons beaucoup à cet enracinement, à travailler à Bruxelles avec une équipe bruxelloise. Bruxelles est clairement un environnement propice. Beaucoup d’entrepreneurs du milieu de la santé y sont localisés et le cluster lifetech n’est certainement pas étranger à cet écosystème. »
Quote
Il est très important que Bruxelles investisse de son temps dans des structures comme hub.brussels et consente des moyens financiers pour aider les jeunes entreprises.
