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Doctor Manager aide les médecins spécialistes à mieux gérer leur activité

Le logiciel Doctor Manager développée par François Weiss comble les lacunes de la digitalisation du secteur médical pour les médecins spécialistes.

De son propre aveu, tout prédestinait François Weiss, fils de chirurgien, à une carrière médicale. Jusqu’à ce qu’il intègre, à l’étonnement général, la Solvay Business School. « Je ne voulais pas des contraintes auxquelles mon père était soumis parce qu’il exerçait une profession protégée », constate-t-il tout en confessant aussi une fibre entrepreneuriale précoce : « J’ai toujours travaillé. Après avoir donné des cours de math, de sport, j’ai commencé à coder des sites pour des amis ou des connaissances, et j’ai créé ma première entreprise alors que j’étais en 3e année à Solvay. »

Retour aux sources

Une fois son diplôme en poche, François Weiss renoue avec le monde de la médecine en co-construisant avec son père ‘Surgery Manager’, première version d’un logiciel médical destiné aux médecins spécialistes. « D’après des statistiques françaises, 2/3 du corps médical est en burnout », commente-t-il. « Il y a deux fois plus de burnout chez les médecins que dans la population générale. Plus étonnant, ces chiffres n’ont pas évolué depuis 15 ans malgré la digitalisation. » Et au sein du corps médical, les spécialistes ne sont pas les mieux lotis. « La digitalisation du secteur a prioritairement concerné les généralistes, la première ligne de soins, pour des raisons politiques, budgétaires liées aux contraintes administratives. On s’est retrouvé avec des technologies anciennes conçues principalement en fonction des outils officiels plutôt que sur base des besoins des médecins, et a fortiori des spécialistes. Nous voulions leur rendre de la liberté, leur permettre de se concentrer uniquement sur leurs patients. »

Deuxième mouture

Le défi est complexe. « Nous ne grandissions pas aussi vite que nous l’aurions souhaité », concède François Weiss.  « Notre logiciel ne possédait sans doute pas la souplesse nécessaire et a souffert de nos choix technologiques effectués par idéalisme et qui nous ont conduit à concentrer nos efforts sur des problèmes externes d’infrastructure plutôt que sur l’aide concrète aux médecins. » En 2021, une évidence s’impose : il faut repartir de 0. La tâche est immense. « Nos investisseurs, dont la Région Bruxelloise, ont été surpris mais se sont montrés présents et compréhensifs. Ils nous ont fait confiance », se remémore-t-il. « Nous avons réussi à ne pas faire de nouvelle levée de fonds, mais avons pris des crédits pour préserver notre équipe et notre business. J’avais prévenu ma femme que ce serait difficile. Ça l’a été davantage que prévu… »

François Weiss insiste sur le point fort de Doctor Manager : « Nous n’avons pas la prétention d’être les meilleurs. Mais il y a un domaine où nous sommes vraiment bons : nous avons su écouter nos médecins et traduire leurs besoins dans une solution qui leur paraît cohérente grâce à une série d’outils permettant d’automatiser les consultations. Le médecin apprend au logiciel ce dont il a besoin et celui-ci s’occupe de tout afin qu’il puisse se concentrer sur son patient. »  

Le succès au rendez-vous

Depuis début 2025, Doctor Manager dispose enfin des certifications nécessaires à l’utilisation du logiciel pour les services connectés tels que la prescription électronique. Son concepteur vise désormais la généralisation du logiciel à toutes les spécialités avec la qualité en point de mire. « Nous sommes les gardiens des données médicales que les médecins nous confient lorsqu’ils nous choisissent », constate François Weiss. «  Nous devons donc leur proposer la meilleure solution du marché et nous ne les laisserons jamais tomber. »  

Les résultats sont là. François Weiss : « Aujourd’hui, Doctor Manager a réussi à convaincre environ 300 médecins spécialistes sur les 6000 praticien.nes potentiellement concernés dans notre pays. Nous générons 600.000€ de revenus récurrents par an. Notre objectif est d’atteindre d’ici fin d’année 900.000€ de revenus récurrents. Une croissance organique à 5% par mois me paraît possible. Je pense qu’il n’y a plus de réelle contrainte ou limite à notre ambition. »

L’envers du décor

Il n’empêche, l’entrepreneur reste lucide sur sa condition de startupper. « Sociétalement, le terme startup est très cool et les media aiment partager les belles histoires, mais les gens ne voient que la partie émergée de l’iceberg, sans imaginer les sacrifices personnels, l’incertitude constante, les nuits blanches et les choix difficiles. ». détaille-t-il. « On nous pense motivés par l’argent alors que c’est tout l’inverse. Si c’était le cas, avec mon diplôme, j’aurais fait du conseil dans une grosse entreprise. Mesurer le succès d’une startup au nombre de millions récoltés est absurde. Une levée de fonds est une aide précieuse, mais elle ne doit pas être vue comme une fin en soi — seulement comme un tremplin. Car lever de l’argent, c’est aussi faire entrer des investisseurs qui attendent des résultats. Et quand on est jeune et inexpérimenté, cela peut devenir un piège . Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur des investisseurs bienveillants, engagés et à l’écoute, ce qui a clairement facilité notre parcours. Mais d’un point de vue pragmatique, la réussite la plus durable reste celle d’une startup capable de construire son modèle économique de façon autonome. Une entreprise qui atteint l’équilibre seule, sans dépendre en permanence de financements extérieurs, pose les bases d’un projet vraiment pérenne. C’est, à nos yeux, la forme de réussite la plus exigeante… mais aussi la plus belle. »

Ode à Bruxelles et aux structures bruxelloises

Pour ce Bruxellois de cœur, recourir aux outils locaux de soutien aux entreprises, et plus particulièrement au cluster lifetech, tombait sous le sens. Il cite parmi ses expériences récentes sa participation à une mission économique au Maroc début 2024 fertile en découvertes et en rencontres productives, ou les conseils reçus lors de la préparation du pitch pour la finale des Startup Awards. Il conclut : « Je pense passer désormais plus de temps avec les équipes du cluster pour approfondir avec elles nos nombreuses idées, bénéficier de leur réseau et de leur proactivité. »

D’ailleurs, François Weiss ne voit que des qualités à Bruxelles : « C’est une ville géniale, centrale, proche de tout, avec un train pour l’aéroport, l’Eurostar pour Paris », résume-t-il. « La vie y est extrêmement confortable, avec beaucoup de personnalités brillantes et diverses, d’entreprises performantes, de culture, de découvertes possibles même si on y vit depuis longtemps. Y recruter est tellement simple. Dans notre culture d’entreprise basée sur quatre piliers, time, ambition, share, care, le temps arrive en première position parce que chaque minute qu’on ne passe pas à aider les médecins est une minute perdue. Bruxelles est l’une des meilleures villes en la matière. »

https://doctormanager.be