Les chutes… un véritable fléau pour les séniors et une réelle hantise pour les équipes qui en prennent soin en institution. Mais ce n’est pas une fatalité pour Philippe Kaplan et pour Kaspard, la scale up qu’il a fondée en 2017 à Bruxelles autour d’une proposition innovante : proposer un outil efficace pour lutter contre ces incidents parfois gravissimes et créer un environnement quotidien plus sécurisé.
Les capacités de détection et d’alarme instantanées du dispositif sont complétées par des possibilités d’analyse et de prévention des chutes. Et ce de manière non intrusive afin de respecter l’intimité des patient.es.
Discrétion et efficacité
« En l’absence de dispositif adéquat, il s’écoule environ 1h20min entre une chute et l’intervention d’un tiers, avec des répercussions possiblement dramatiques pour la victime », explique Philippe Kaplan. « Notre système d’alarme immédiate permet de réduire le délais d’intervention à moins de 2 minutes. Ce gain de temps peut tout changer. »
Concrètement, un discret boîtier est fixé au plafond de la chambre. Sa mission : détecter les sorties de lit et les chutes sans capter d’image ni établir aucun contact avec l’occupant.e. En cas de nécessité, l’alarme se déclenche et une animation 3D est générée pour clarifier les circonstances de l’incident. De quoi permettre à l’équipe soignante de s’organiser pour la prise en charge la plus judicieuse de la victime mais aussi pour prévenir tout incident ultérieur.
Un plus pour tous et toutes
Le système Kaspard a démontré que ce sont les sorties de lit prolongées qui constituent l’indicateur le plus puissant du risque de chute. « En réglant l’alarme pour qu’elle se déclenche lorsque la personne ne s’est pas recouchée au bout d’un temps donné, nous avons réduit les chutes de 50% et donc d’autant les chutes graves occasionnant des soins de santé coûteux ! » se félicite Philippe Kaplan. « En 2023, nous estimons avoir évité 2000 chutes. »
Il insiste sur le supplément de confort pour les patient.es, mais aussi pour le personnel soignant qui peut s’appliquer à ses tâches sereinement et consacrer plus de temps à l’humain, et in fine pour les familles rassurées sur la qualité de la prise en charge de leur proche. Il résume : « Nous pensons jouer un rôle social très, très important tout en générant des économies sur les soins de santé qui compensent largement le coût d’installation de notre solution. Nous avons la volonté d’améliorer la qualité de vie grâce à l’information. »
La technologie au service de la sécurité
Une telle efficacité de détection requiert l’usage d’une technologie très avancée. Des capteurs de distance du type de ceux utilisés pour les voitures autonomes ont été mis au point par les développeurs de Kaspard. Cette technologie a été développée, améliorée, modifiée avec un souci constant du terrain pour arriver à une solution complète autour de la prévention de la chute. « Jusqu’ici, beaucoup des formules proposées sont partielles. Il y a peu d’opérateurs performants en Europe », précise Philippe Kaplan. « Nous sommes la solution la plus orientée vers la prévention et aussi la solution la plus déployée en Belgique et en France. »
Le dispositif Kaspard est déployé dans plus de 3000 chambres situées dans des collectivités, hôpitaux et maisons de repos. « En plus du fait que le marché français est beaucoup plus vaste que le marché belge, les grands groupes actifs dans le domaine des maisons de repos dans notre pays sont français », observe Philippe Kaplan. « Après la crise du covid et les scandales qui l’ont touché, le secteur doit se réinventer. Les opérateurs se montrent très sensibles au principe d’offrir un service de qualité à leurs résident.es et un environnement de travail agréable à leur personnel. Mais nous travaillons aussi avec de plus petites entités et le secteur public. »
Kaspard bientôt partout à Bruxelles ?
L’entrepreneur issu du monde la finance est arrivé dans le secteur médical au fil de missions de conseil et de coaching auprès de plusieurs PME belges. Il ne regrette absolument pas ce virage dans sa carrière. Aujourd’hui, il est à la tête d’une dynamique entreprise forte d’une douzaine de collaborateur.ices, avec une antenne en France. Il prévoit d’atteindre l’équilibre financier à la fin de l’année 2024. Et nourrit de grandes ambitions à l’échelle internationale, nationale et évidemment bruxelloise.
« Je rêve de déployer Kaspard dans toutes les maisons de repos des CPAS bruxellois, d’installer notre dispositif dans chacune de leurs 4500 chambre et d’en faire une évidence comme les ceintures de sécurité dans les voitures. La prévention des chutes est à ce prix. Il faut que le politique en prenne conscience pour le bien général, celui des résident.es, des soignant.es, des familles et du budget de la sécurité sociale ! »
Lifetech.brussels hier, aujourd’hui et demain
Pour ce nécessaire rapprochement entre le pouvoir décisionnaire et l’écosystème medtech bruxellois, Philippe Kaplan a trouvé un indispensable allié en la personne de lifetech.brussels, le cluster santé de hub.brussels. « J’ai rejoint le MedTech Accelerator en 2018-2019 », détaille-t-il, « un irremplaçable intercesseur mais aussi une formidable plate-forme de réflexion qui permet de s’arrêter, échanger avec ses pairs, améliorer sa visibilité, et un extraordinaire facilitateur de déploiement qui nous accompagne dans nos participations aux salons à l’étranger. »
Il constate : « Il existe à Bruxelles de nombreuses mesures qui facilitent la recherche initiale. Nous avons ainsi pu profiter du soutien d’Innoviris, de fonds de finance&invest.brussels. Mais le politique devrait aussi aider concrètement les startups, notre écosystème à s’implanter durablement. On a vraiment besoin de lui pour prospérer à long terme. »
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